Parfois, un projet arrive et tout de suite, tu sais qu’il ne ressemblera à aucun autre.
Celui-là, je l’ai senti dès le premier appel.
Hitachi cherchait à raconter des histoires humaines, de vraies histoires.
Après le Canada et l’Indonésie, c’était au tour de la France.
Et hasard heureux : ce serait en Bretagne, chez moi.
Mais il y avait un twist : je devais bosser avec une équipe japonaise. J’allais devoir naviguer dans un autre tempo, une autre exigence, une autre manière de faire.
Pas juste un tournage. Une rencontre entre deux cultures.
Et un sacré saut hors de ma zone de confort.

Terrain mouvant, météo bretonne et vingt personnes à coordonner
On avait 2,5 jours.
Deux films à tourner.
Deux entreprises à raconter.
À peine le temps de poser les pieds qu’il fallait déjà avancer.
Les repérages ? Ils se feraient en direct.
La narration ? Préparée à l’os, mais toujours prête à être bousculée par la réalité du terrain.
On s’est retrouvés à vingt sur le plateau :
techniciens, agence de pub, client japonais, traductrice…
Et au milieu de tout ce petit monde, il fallait continuer à capter ce qu’il y avait de plus simple, de plus fragile : l’authenticité.
Pas évident quand, autour de toi, ça parle trois langues et que chaque décision met trente secondes de plus à arriver.
Et puis, il y avait la Bretagne.
Sa pluie fine.
Son ciel changeant toutes les dix minutes.
Cette lumière imprévisible qui nous forçait à bouger, à improviser, à repenser chaque plan sans perdre le fil.
Caméra à l’épaule, drone prêt à décoller entre deux gouttes, j’ai vite compris que ce tournage allait être un exercice d’adaptation permanent.
Mais quelque part, c’était parfait.
Parce que c’est souvent dans le mouvement qu’on attrape les instants vrais.


De la caméra au montage : tenir le fil de l’émotion
Quand le tournage s’est terminé, il me restait 5 To de rushs.
Deux jours et demi d’images, de regards captés au vol, de gestes précis sur les machines, de silences aussi.
Et une certitude : je voulais que les films respirent comme on avait vécu ces journées.
Pas de grandiloquence.
Pas de surenchère.
Juste des histoires humaines, racontées avec simplicité.
Initialement, je devais seulement monter ma version.
Mais à force de défendre ma vision, j’ai fini par obtenir la main sur l’étalonnage et le design sonore.
Un luxe rare dans ce genre de production.
Et surtout, une chance de garder la cohérence jusqu’au bout.
À l’étalonnage, je suis allé chercher une palette naturelle, terreuse, brute.
Faire ressortir le vert des arbres, l’orange des machines,
sans jamais écraser la lumière douce du crachin breton.
Pour le son, même combat :
Pas d’effet.
Juste sublimer l’existant.
Faire sentir l’air, les voix, les silences.
Et quand j’ai livré les films, il y a eu ce petit moment de flottement.
Puis les retours sont tombés.
Positifs.
Chaleureux.
Fiers.
On avait réussi à raconter quelque chose de vrai.
Quelque chose qui nous échappait presque.
Ce que je retiens
Ce tournage avec Hitachi, c’était plus qu’une prod de plus sur ma liste.
C’était une leçon de souplesse, d’écoute, de patience.
Une preuve que même dans un cadre contraint, même avec la pression, même avec vingt personnes autour… on peut rester fidèle à ce qu’on veut raconter.
Rester au service de l’humain, quoi qu’il arrive.
Ne jamais perdre le fil.
Même quand le ciel breton décide d’en faire qu’à sa tête.